2) Néo Tantra – Qu’est-ce que le Tantra ?

Avec Sabryna & Christophe, les Co-fondateurs de TantrÂmour

 

Si tu es curieux de mieux comprendre ce qui se cache derrière le mot mystérieux « Tantra », je t’invite à explorer cette série de 6 articles qui présente l’interview complète de Sabryna Berthoud et Christophe (ShivaChris). Cofondateurs de TantrÂmour, ils co-animent des stages de Tantra. Plonge dans leur parcours, leur définition du Tantra, et leur compréhension des énergies Yin et Yang. Ces êtres inspirés et inspirants te parleront de la magie des stages, du désir, de la sexualité, et de l’extase, avant de te guider pour expérimenter dans le corps ce que tu auras pu effleurer mentalement dans une initiation pratique au Tantra.

Dans cette deuxième partie de l’interview, découvre la signification des mots Tantra et Néo-Tantra.

Belle découverte à toi !

Guillaume Fougeret

Vous avez commencé par aborder le lien entre le yoga et le Tantra, et ce qui m’intéresse, c’est de revenir un peu sur le côté traditionnel. Le Tantra est une tradition millénaire issue des Veda. Pourriez-vous nous éclairer sur ce qu’est le Tantra à l’origine, le Tantra des Veda, et en quoi il diffère du Tantra tel qu’on le conçoit aujourd’hui en Occident? Peut-être pourrions-nous aussi aborder rapidement les différents types de Tantra pour clarifier les choses. Car aujourd’hui, le terme est souvent réduit à la sexualité sacrée. Comment pourriez-vous nous expliquer plus en détail le sens de ce mot qu’on entend si souvent? Quelle est sa véritable dimension, ses origines, et en quoi consiste-t-il réellement ?

 

Christophe (ShivaChris)

Le Tantra a plusieurs millénaires, et le Tantra, c’est une voix de l’expérience, de l’expérience à travers la matière du corps. Le tantra traditionnel est fondamentalement calé sur la méditation, c’est vraiment un des piliers fondamental. C’est le fait de vivre pleinement l’expérience, de goûter à la saveur de la vie, d’être en lien avec tout ce qui nous entoure.
Il y a vraiment une grande diversité de courants au sein du Tantra. Par exemple, le Tantra shivaïte du Cachemire se concentre sur la quête de la non-dualité. Il existe également des pratiques tantriques ancrées dans le bouddhisme ou l’hindouisme, soulignant la richesse et la diversité de cette tradition. Ces enseignements et pratiques sont issus d’une longue histoire et pourraient faire l’objet de discussions approfondies pendant des heures. Cependant, le Tantra traditionnel se distingue par une approche centrée sur l’expérience personnelle, impliquant souvent un engagement profond dans la méditation.
Je pense que, au fil de ces millénaires, le Tantra a toujours été une pratique exigeant une grande intensité et un engagement total. Il requiert de la persévérance dans la quête de se connecter à la source originelle, tout en embrassant pleinement notre incarnation dans cette vie terrestre. Cette pratique comprend également une importante compréhension de l’espace, de la vacuité, du vide, des concepts souvent explorés et valorisés dans la méditation.

 
Aujourd’hui, je pense que beaucoup de ce qui est proposé dans le monde du Tantra depuis une trentaine d’années découle des enseignements d’Osho. Personnellement, je viens du Sky Dancing, qui a été créé et fondé par Margot Anand, elle-même disciple d’Osho. Actuellement, nous voyons une prolifération du néo-tantra. Bien sûr, il existe toujours des courants plus traditionnels, portés par de vrais puristes comme Daniel Odier, Pierre Feuga, et bien d’autres dont je pourrais dresser une liste très longue. Mais aujourd’hui, la majorité des offres sont fortement influencées par le néo-tantrisme.


Le néo-tantra, c’est plutôt un ensemble d’approches où l’on va utiliser des techniques thérapeutiques, plusieurs méthodes pour être un peu plus adapté à l’ère du temps. Ce n’est pas que le tantra traditionnel soit « old school » ou qu’il ne soit pas adapté aujourd’hui, mais beaucoup d’Occidentaux ne sont pas prêts à s’impliquer, à s’engager là-dedans. Donc, le néo-tantra a cet avantage de vraiment combiner plusieurs choses, plusieurs approches, et de quand même pouvoir honorer la richesse et la beauté de l’origine, de l’essence du Tantra, en tout cas dans mon expérience et dans ma vision puisqu’on est tous différents et le Tantra est très vaste et très inclusif. Il y a autant, je pense, de visions du Tantra que de personnes qui proposent des espaces, et voilà simplement pour dire aujourd’hui que le néo-tantra a quand même bien infusé partout dans le monde, que ce soit à travers ISTA, à travers le Sky Dancing, à travers tout ce qu’on va trouver un peu en France aujourd’hui, à part quelques exceptions, David Dubois également, Daniel Odier, qui vont proposer des espaces qui sont vraiment plus axés sur le Tantra traditionnel.


Et les autres propositions qui sont sur les néo-tantra sont pour moi très justes aussi puisque moi j’ai exploré à travers ces pratiques euh depuis 3 ans et c’est évident que ça m’a transformé, ça m’a appris à me connaître, ça m’a permis de grandir et d’évoluer, ça m’a permis de devenir un homme tantrique, ça m’a permis de devenir un amant tantrique, donc ça a eu une influence et un impact considérable sur mon chemin d’évolution.


Pour répondre à ton autre question, dans le Tantra, ils sont globalement classifiés en trois courants. Il y a le Tantra blanc où l’on ne va pas trop entrer dans la sexualité dans les propositions, même si lors d’un massage, on peut très bien inclure les organes génitaux comme une autre partie du corps. Ensuite, il y a le Tantra rouge où l’aspect de plonger dans l’extase du corps à travers la pénétration, la sexualité, l’intimité où l’on pénètre, où l’on entre dans cet espace de sexualité est plus présent. Puis, il y a le Tantra noir qui est un peu différent, car il va plutôt plonger dans nos ombres, dans toutes les facettes de ce que l’on ne veut pas voir. Même si dans le Tantra rouge et dans le Tantra blanc, l’idée est d’aller vraiment observer la palette de toutes nos polarités, de tous les prismes de ce que nous sommes et de les accueillir. C’est-à-dire que dans le Tantra, on ne va pas simplement essayer de chercher la part lumineuse en nous et ignorer tout le reste. On va être en capacité de vraiment être le témoin de qui nous sommes, de quelle émotion vient activer quoi en nous, que tu sois de bonne ou de mauvaise humeur, c’est toi. Et est-ce que tu peux t’accueillir que tu sois la meilleure version de toi ou la version qui est un peu moins agréable. Donc, dans le Tantra noir, on va vraiment plonger un peu dans notre part d’ombre, dans les profondeurs et aussi peut-être dans le côté un peu plus primal de la sexualité.

Parce que dans le Tantra, l’association à la sexualité, et plus particulièrement à la sexualité sacrée, est fréquente. Cette sexualité sacrée, c’est simplement adopter une autre approche que celle à laquelle on est habitué dans la société actuelle, souvent influencée par la pornographie. On ne nous apprend pas, dans notre éducation, comment fonctionne notre sexualité, comment elle opère dans notre corps, ni comment elle interagit avec notre part masculine et notre part féminine. Et pourtant, c’est essentiel, c’est précieux de pouvoir comprendre comment notre laboratoire intérieur fonctionne, d’avoir une autre approche de la sexualité, du rapport à l’autre, qui ne se limite pas à une recherche de performance où l’aboutissement est l’éjaculation ou un orgasme. 

La sexualité sacrée va nous permettre d’entrer dans un espace où la seule quête est d’être pleinement présent à soi, pleinement présent à l’autre, de se mettre au service du divin qui se mêle à l’espace créé, un espace de pleine présence, de pleine écoute, sans objectif précis, juste l’alchimie de deux énergies qui se rencontrent. Lorsque le divin et l’énergie circulent et commencent à s’alchimiser, à interagir, cela peut être très lent, hors du temps, d’une profondeur, d’une douceur. Cela peut être à la fois très sulfureux, très sauvage, mais on ne sait jamais à l’avance. On n’est pas dans la quête d’une érection, même si on peut en avoir une et c’est bien, on peut avoir un orgasme, on peut éjaculer, et dans tous les cas, c’est OK, mais ce n’est pas la finalité. Donc, la sexualité sacrée, pour moi, c’est vraiment quelque chose de l’ordre du « laisser faire », je ne fais plus rien, je suis simplement, et dans ce « je suis », dans ce « nous sommes », il y a quelque chose de plus puissant qui vient impulser quelque chose. Cette impulsion n’est pas guidée par le mental, elle n’est pas stéréotypée par tous les conditionnements que l’on a, par toutes les croyances, elle n’est pas guidée par la religion qui collerait une étiquette derrière, il n’y a plus cette dualité du bien ou du mal, il y a simplement un espace hors du temps avec une alchimie, une connexion, la présence à moi, la présence à l’autre, et ça devient magique.

Là, c’était pour parler un peu de la sexualité sacrée et ce que nous proposons dans les stages, c’est du Tantra blanc. Pour nous, le Tantra, c’est d’abord une histoire entre soi et soi, comprendre comment ça fonctionne dans ce laboratoire intérieur, comment fonctionne mon corps, mon cœur, mon esprit, comment activer ma vitalité à travers l’énergie. Comment, grâce à la méditation, je vais pouvoir créer des espaces d’ouverture, juste expenser ces espaces-là. À partir de là, il n’y a plus besoin de mots. Pour moi, le Tantra, c’est un art de vivre. Donc, c’est aussi comment, au quotidien, je peux être en pleine conscience de ce que je suis, de qui je suis, de comment j’aborde l’expérience de la vie. Comment est-ce que j’arrive à m’émerveiller de la beauté de tout ce qui peut m’entourer, de chaque rencontre, de la facette de n’importe qui, de ce qui peut m’agacer chez quelqu’un comme de ce que je peux trouver génial chez quelqu’un. Comment rester au centre du tourbillon et ne pas me laisser emporter par tout ce qui se passe à l’extérieur, comment me poser dans ce centre en sécurité. Comment, finalement, la quête n’est plus tournée vers l’extérieur, mais en tournant la quête vers l’intérieur, je vais comprendre que cet univers est beaucoup plus riche quand je ferme les yeux et que je suis dans cet espace d’expansion connecté à mon énergie, à mes ressentis, c’est tellement plus vaste que quand j’ouvre les yeux avec tout ce que je peux capter avec mes cinq sens. Je ne sais pas si cela parle ou si vraiment je suis perché.

 

Guillaume Fougeret

Ça parle beaucoup, c’est déjà hyper riche. Tu réponds à plein de questions, c’est magnifique, merci beaucoup pour ce partage très inspirant. Il y a une dimension aussi de soin énergétique là-dedans, dans tout ce que tu dis, c’est super puissant. Et du coup, Sabryna, on a beaucoup entendu parler, Christophe, qu’est-ce que ça t’a apporté, toi, le Tantra dans ta vie ? Qu’est-ce que tu mets derrière le mot « Tantra » aussi? Quelle est ta vision du Tantra, qu’est-ce que ça t’apporte ?

 

Sabryna Berthoud

Alors, qu’est-ce que le Tantra m’a apporté ? Il m’a apporté énormément dans ma vie. Comme je le disais, j’étais à un grand tournant, et il y a clairement un avant et un après. Je me souviens de ce premier jour à mon premier stage de Tantra, un mois de février brumeux et pluvieux au Hameaux de l’Étoile, un lieu magnifique dans le sud de la France près de Montpellier. Là, une porte s’est ouverte vers moi. Je peux dire que je n’étais pas vraiment une femme, que je n’étais pas vraiment incarnée dans mon corps de femme sexuel, que je n’étais pas présente, un peu perchée et pas vraiment là. J’étais dans la fuite de mon quotidien et je me suis prise une grosse claque, avec beaucoup d’humilité, une claque mais aussi énormément d’amour. C’est ce qui est très fort dans le Tantra: on chemine avec tellement d’amour qui nous soulève et nous permet de franchir des montagnes.


Dans ce premier stage, je me suis retrouvée dans des exercices où mon ego a été mis à l’épreuve, titillant les blessures de rejet et d’abandon, ce qui m’a fait grandir. Grâce au socle de sécurité des stages de Tantra, ceux que je préconise et que j’encadre maintenant depuis des années avec Christophe, avec un cadre de non passage à l’acte sexuel, de bienveillance, de respect de soi et de l’autre, j’ai pu plonger. Je suis devenue femme, car dans les premiers stages, être vue par d’autres femmes et hommes, en toute bienveillance, m’a beaucoup réparé et redonné confiance.


Peu à peu, ça a remis en place un bon socle pour mon être, pour tout ce que je n’avais pas reçu dans mon éducation spirituelle mais pas incarnée. Dans mon cheminement, la première année où j’ai vraiment été à fond dans tous les stages, j’ai pu assumer et incarner le féminin, accepter mon corps, ouvrir ma sexualité. Même si les stages n’incluent pas de sexe, ils plantent des graines qui, ensuite, dans mes rencontres et relations amoureuses, ont transformé ma sexualité. J’ai appris à ressentir, à connaître l’orgasme, à m’ouvrir à plus de sensualité et de connexion.


Un autre point important est le fait de m’incarner et de vraiment sentir que je suis vivante. C’est comme si j’avais atterri dans mon corps, plus présente sur terre, vibrant, sentant l’énergie circuler. Tout cela était nouveau pour moi, habituée à côtoyer des personnes sensibles à l’énergie mais ne la ressentant pas moi-même. Le Tantra a ouvert cette voie, m’a aidé à me sentir exister et à transformer ma timidité et ma réserve en ouverture et en expression.


En parallèle de ma formation de 5 ans de thérapeute psychocorporel avec l’école biodynamique, le Tantra m’a aidé à ouvrir ma voix, à animer, à trouver le sens que je voulais donner à ma vie: la transmission. J’ai appris à servir à quelque chose, pas seulement à moi dans mon propre changement, mais aussi à transmettre ce changement au monde.


Je m’inscris beaucoup plus dans le néo-tantra, adapté aux Occidentaux avec des volets thérapeutiques. En tant que thérapeute psychocorporel, je travaille sur les blessures existentielles, l’enfant intérieur, en associant des outils du Tantra à des approches thérapeutiques. C’est complémentaire pour déconstruire nos conditionnements, laisser fondre les cuirasses et découvrir la pépite que nous sommes. Cela se fait avec énormément d’amour, transformant les mécanismes inconscients et les vieux programmes. Pour moi, c’est cela le Néo Tantra, très complémentaire avec d’autres approches de Tantra originel qui me parlent moins pour le moment.

 

Guillaume Fougeret

Merci beaucoup, c’est passionnant et ça me touche beaucoup, tout ce que vous dites résonne en moi.

 

Dans la troisième partie de l’interview, Sabryna et Christophe nous présentent les énergies Yin et Yang. Belle exploration à toi et merci pour ta curiosité !

Si tu as aimé l'article, tu es libre de le partager ! :)

Dis-moi ce que tu en penses ici