C’est quoi l’Ego ?

Le « Je » Superficiel

« Nous ne sommes pas des êtres humains vivant une expérience spirituelle mais des êtres spirituels vivant une expérience humaine. » Pierre Teilhard de Chardin

Pierre Teilhard de Chardin nous invite à explorer notre nature profonde, au-delà de la simple expérience corporelle et mentale. Dans la trinité corps – mental – esprit (ou âme) qui constitue l’être humain, l’Ego correspond au mental. Eckhart Tolle qualifie l’Ego de « je » superficiel et l’âme de « je » profond, une distinction cruciale pour comprendre notre véritable essence.

L’ego est cette partie de nous qui se manifeste par notre personnalité et notre identité construite au fil du temps. C’est l’histoire que l’on se raconte à propos de nous-même et de tout ce que l’on expérimente dans la vie. Il n’est ni bon ni mauvais en soi ; il est simplement nécessaire pour vivre cette expérience qu’est la vie sur Terre dans la matière.

Toutefois, il devient impératif de reconnaître l’illusion du « je » superficiel pour s’éveiller à notre véritable nature, celle qui dépasse l’identité façonnée par l’ego. Cette prise de conscience nous libère et nous permet de choisir consciemment qui nous voulons être, au-delà des limites imposées par cette identification à l’identité égoïque construite de toute pièce.

Si tu es pleinement identifié à ton ego, tu as sûrement du mal à intégrer le concept de l’âme. Voici une petite question pour t’aider à reconnaître l’existence de la dimension spirituelle de ton être.

Intégrer sa Dimension Spirituelle

Qu’est-ce qui, à la mort, n’est plus présent dans le corps et qui fait qu’il retourne à la Terre ?

Te poser cette question te permet de comprendre que c’est ton essence véritable, qui anime et quitte le corps, ton « je » profond. C’est ton âme qui entretient l’harmonie et la symbiose entre tous les éléments constitutifs de ton être. Sans cette énergie, le corps perd sa vitalité et retourne à la Terre.

Construction de L’Ego, le Je Superficielle

La création de l’Ego

Un enfant qui commence à parler se réfère à lui-même à la troisième personne.

Par exemple : 
 
– petit Guillaume dit : « Guillaume veut boire. » 
– Les parents demandent à Guillaume : « Mais qui est Guillaume ? » 
– petit Guillaume dit : « Je suis Guillaume. »

Pour la première fois, l’enfant s’identifie à la forme pensée « je », qui correspond au « je » superficiel. C’est la naissance de l’Ego, le « je » primordial, la graine sur laquelle va pouvoir se coller tout un tas d’idées et de concepts. Il faut voir ce « je » superficiel comme une entité autonome, indépendante de l’enfant, qui va constamment chercher à renforcer son sentiment d’identité pour sentir qu’il existe. Ce « je » fonctionne comme un aimant à pensées et concepts. En disant « Je suis Guillaume », pour la première fois, l’enfant commence à s’identifier à cette forme pensée qu’est l’Ego.

Il commence à construire son identité sur l’idée que l’Ego lui renvoie de lui-même.

L’Ego est indispensable

Cette étape est primordiale dans le développement de l’enfant, qui comprend ainsi qu’il n’est pas l’autre. L’Ego est nécessaire pour créer l’illusion de séparation qui permet de s’expérimenter en tant qu’individu. Car, au niveau de l’âme, tout ne fait qu’un, comme je te l’explique dans l’article sur la Conscience Universelle.

La première souffrance liée à l’identification à l’Ego

Lorsque l’enfant joue, il commence rapidement à s’identifier à ses jouets. Dans le mental de l’enfant, le jouet devient un concept (une pensée) qui se fixe à la graine de l’Ego. L’objet perd sa neutralité dans l’esprit de l’enfant et devient « MON jouet ».
L’Ego a aimanté le concept mental du jouet, donc l’enfant qui s’identifie à l’Ego s’identifie maintenant à la pensée « MON jouet ».

Lorsque l’on retire le jouet à l’enfant, il expérimente une profonde souffrance qui est sa première expérience de la souffrance liée à l’identification à l’ego. L’enfant a l’illusion qu’on lui retire une partie de lui-même.

Bouddha nous dit que la souffrance est liée au fait de s’identifier à des choses qui sont instables, impermanentes :
« Pour vous libérer de la souffrance, libérez-vous de vos attachements. »

La Recherche d’Identité de L’Ego

L’Ego ne se sent jamais assez comblé ou clairement défini. L’Ego est insatiable dans son besoin de sentir qu’il existe. 

Une identité à tout Prix 

Toute notre vie, l’Ego va continuer d’aimanter tout ce qu’il peut pour renforcer son sentiment d’identité. Il s’identifie à des parents, des ancêtres, une culture, des possessions matérielles, un corps, des lieux, une profession, des réalisations, des objectifs, des ennemis, des opinions.

Idendification aux Ancêtres

L’Ego peut s’identifier à des ancêtres de façon positive s’ils ont réalisé de grandes choses ou négative s’ils ont été victimes de certains événements historiques.

Un jeune être humain peut ainsi être en colère pour la souffrance qu’ont vécue ses ancêtres alors que son expérience de vie n’a jamais été impactée par ces événements. Il « hérite » de la colère de ses ancêtres car il s’y identifie.

Des choses horribles ont été faites à des personnes dans le passé mais utiliser ces histoires au service d’une identité est une illusion. C’est un processus inconscient. C’est l’Ego qui cherche un sens plus fort d’identité.

Avoir un Gros Ego

La Meilleure Victime

Souvent, quand on parle de quelqu’un qui a un gros Ego, on se réfère à quelqu’un qui se prend pour le maître du monde, qui est imbu de sa personne, qui croit que tout lui est dû, qui pense qu’il est le meilleur.
Mais beaucoup de personnes ont un Ego tout aussi gros en se racontant que personne n’a souffert autant qu’eux, que personne ne peut comprendre à quel point la vie est dure pour eux ; ils se positionnent comme les meilleures victimes.

L’Ego n’est donc pas une question d’estime de soi, c’est une question d’identification à ce « je » superficiel et illusoire.

La Recherche de sentiment de Supériorité : un symptôme d’Inconfort

L’Ego recherche à tout prix le sentiment de supériorité, que ce soit dans le positif ou le négatif, et il le trouve toujours. Cette recherche de sentiment de supériorité est un symptôme d’inconfort.

Moins mon Ego prend de place dans ma vie, moins je me juge ou juge les autres, plus ce sentiment d’inconfort disparaît.

« La plainte est un outil de l’Ego. Lorsque vous vous plaignez, vous faites de l’objet de votre plainte votre ennemi, ce qui renforce l’identité illusoire de l’Ego. » – Eckhart Tolle

Ne pas nourrir l’Ego tout en se respectant

Si on peut faire quelque chose pour améliorer une situation, il est bon d’agir mais sans se plaindre.

Exemple du Restaurant

Si dans un restaurant, on te sert un plat qui ne correspond pas à ta commande, je t’invite à le signaler au serveur de façon neutre.
Car sous-entendre que l’autre a mal fait revient à le placer en ennemi, ce qui renforce l’Ego.

Change-toi toi-même, et le monde changera autour de toi

Ne fais pas remarquer à quelqu’un qu’il est en train de se plaindre, car cela reviendrait à entrer en conflit avec son Ego, ce qui serait contre-productif. Concentre-toi sur le fait de ne pas te plaindre toi-même.

Technique d’un Maître Zen- Dans chaque situation que tu pourrais juger positive ou négative, répète cette phrase : « Merci pour tout, je n’ai rien à redire. »

Le Choix du « Je » Profond

Tu n’es pas tes pensées

Reconnaître les mécanismes de l’Ego, c’est pouvoir choisir d’être présent plutôt que d’être prisonnier de ses pensées. Car l’Ego se manifeste essentiellement par tes pensées. Quand ton identité est égoïque, tu es identifié à tes pensées. Tu crois les pensées qui surgissent dans ton esprit sans les remettre en question. Un sentiment d’identité s’infuse dans tes pensées : ce sont « mes pensées, ma voiture, mes souffrances ».

« Quand on n’impose pas le bagage mental égoïque d’un récit sur une situation, elle devient complètement neutre. Elle est. » – Eckhart Tolle

L’Ego est un Mauvais Maître mais un Excellent Serviteur

Lorsque tu prends conscience que tu n’es pas ton ego, tu deviens l‘observateur neutre de tes pensées, le « je » profond. C’est à partir de cet état de présence que tu peux identifier les croyances limitantes que tu as à propos de toi-même afin de les modifier consciemment pour devenir la personne que tu choisis d’être. À ce moment-là, l’Ego se met au service de ton âme. Tu redeviens le maître de tes pensées qui sont à la base de tout ce que tu expérimentes dans la vie.

« Nous sommes ce que nous pensons. Avec nos pensées, nous créons le monde. » – Bouddha

En Bref

L’être humain est un être spirituel vivant une expérience terrestre.

L’Ego est nécessaire à cette expérience.

Ce qui est limitant, ce n’est pas l’Ego lui-même, mais l’identification à l’Ego.

Cette identification à l’Ego est la cause de toutes les souffrances.

L’Ego cherche constamment des moyens de renforcer son sentiment d’identité et de supériorité, ce qui est le symptôme d’un inconfort.

L’Ego est un mauvais maître, mais un excellent serviteur.

Prends de la distance avec tes pensées afin de cocréer consciemment avec l’Ego la vie que tu choisis, en tant qu’être illimité.

En définitive, l’Ego est nécessaire à l’illusion de séparation qui nous permet de nous expérimenter en tant qu’individu. Il est avant tout l’histoire que l’on se raconte à propos de soi-même et du monde. Tout ce qui a pu venir se greffer à ce « je » superficiel primordial auquel on s’est identifié.

L’Ego ne se sent jamais comblé ou clairement défini. Il cherche à renforcer inlassablement son sentiment d’identité afin de sentir qu’il existe. Il recherche à tout prix le sentiment de supériorité. L’Ego est cette voix en nous qui génère de la pensée autour d’une situation qui, par essence, est neutre.

Prendre conscience de ton « je » profond, c’est prendre la posture de témoin vis-à-vis de tes pensées. C’est les observer simplement sans s’y identifier. Depuis cet espace, tu vois clairement les schémas de pensée qui se répètent dans ta vie et tu peux décider de les modifier.

L’Ego est un mauvais maître mais c’est un excellent serviteur.

J’espère que cette définition de l’Ego t’a donné matière à réfléchir. Dans le prochain article, je te raconte l’expérience qui m’a permis de ne plus m’identifier à mon Ego. Puis on continuera d’explorer les mécanismes de l’Ego et les limites qu’il engendre, avant de découvrir ensemble comment se réconcilier avec notre Ego pour co-créer avec lui notre expérience de vie. Car vivre en harmonie avec son ego, c’est retrouver l’équilibre entre l’expérience terrestre et la connexion spirituelle.

Pour aller plus loin, je t’invite du fond du cœur à regarder l’enseignement d’Eckhart Tolle qui est à l’origine de cet article. C’est drôle et profondément puissant pour intégrer tout ce dont je viens de te parler. Merci pour ta curiosité !

Source citations Bouddha

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