Cérémonie d’Ayahuasca – Mourir pour mieux renaître

L’initiation la plus intense de ma vie
J’ai envie de te raconter un peu plus en profondeur une des étapes clés de mon chemin qui m’a permis de laisser la magie prendre de plus en plus de place dans ma vie, jusqu’à ce qu’elle s’intègre parfaitement dans mon quotidien, sans règle et en toute simplicité. Tout a commencé avec cette expérience incroyable avec l’Ayahuasca en 2019, l’année de mes 26 ans.
Je suis rentré dans cette expérience cartésien et j’en suis ressorti profondément connecté à plus grand. C’est le genre d’initiation qui te transforme à jamais, chacun l’expérimente différemment, mais mon expérience a été particulièrement traumatisante et libératrice. Aujourd’hui encore, j’ai 32 ans quand j’écris ces lignes, je ressens une puissante connexion à cette plante, cette racine qui cette nuit-là m’a tant enseigné. Mais que s’est-il passé…

Nous avons d’abord été gentiment briefés par les curandero, qui ne sont pas des chamanes mais des personnes qui accompagnent ce genre de voyage en soutenant énergétiquement le groupe. Je me rappelle particulièrement de cette phrase, car elle m’a été d’une grande importance lors de mon voyage : « si jamais tu as l’impression que tu vas mourir, concentre-toi sur ta respiration, tant que tu respires tu vis ». Il y avait aussi, « Ne résiste pas à la médecine, la médecine gagne toujours. », ou encore « Si tu as peur de ne jamais redescendre, sache qu’on redescend toujours », « la médecine veut ton bien », « garde à l’esprit que nous serons tous très sensibles, que tu n’es pas tout seul, donc ne fais pas trop de bruit », moins glamour mais cela me revient : « garde toujours ton seau en contact avec ta main pour vomir ».
Bref, le ton était donné, ça allait être intense ! Les Curandero ont aussi beaucoup insisté sur la notion de tribu, le fait que nous n’étions pas seuls dans cette traversée, car pendant le temps de la cérémonie, tous les participants constituaient notre tribu, et en tant que tribu, nous étions là pour nous entraider. C’est toute la puissance du collectif. Il ne s’agissait pas ici d’une aide physique qui se matérialisait par des mots ou des actions, mais d’un soutien énergétique, psychique et émotionnel. Le fait de se sentir et de savoir qu’on était là, ensemble, pour vivre cette initiation, nous donnait du courage et de la force.

J’ai exploré les drogues dans ma jeunesse et j’ai toujours balancé entre peur et fascination, la peur de perdre le contrôle et la fascination de toucher à quelque chose de plus grand, plus grand qu’une réalité superficielle que l’on m’avait toujours présentée comme la seule et l’unique.
Après avoir pris le breuvage, normalement il peut y avoir un délai assez long. En ce qui me concerne, je suis parti très vite.
Mais concrètement qu’est-ce qui se passe alors que je pars ?
J’observe une distorsion totale de mes 5 sens, je ne comprends plus rien de ce que j’entends, ni ne vois, c’est fort, c’est trop fort, c’est pas agréable, je ne maîtrise plus rien, premières questions : « qu’est-ce que j’ai fait ? Pourquoi je suis là ? ». Je sais que ça va être long, très long, on vient à peine de commencer et je ne comprends déjà plus rien, je me sens mal, je tombe dans une spirale infinie. « Ils ont dit que lorsque ça ne va pas il vaut mieux rester assis, être allongé c’est pire. » Okay.. Alors je reste assis, mais ça ne va vraiment pas. Je n’ai plus aucune notion d’espace, ni du temps, je suis plongée dans un sentiment d’éternité où les minutes semblent des heures, même si à ce moment-là de ma vie les notions d’heure et de minutes n’ont plus aucun sens.
C’est là que commence un dialogue, avec une voix, qui provient d’une tache jaune. J’associe cette tache jaune qui prend des formes différentes au soleil. La voix me parle : « Qui es-tu ? Pour qui te prends-tu pour oser venir me voir ? Tu n’es rien ? Ta vie est un clignement d’oeil dans l’Univers ? Ton corps redeviendra poussière ? Tu n’es qu’un être humain parmi 7 milliards d’êtres humains, tu es insignifiant.. » Oui, ce n’est pas vraiment un dialogue c’est plutôt une destruction violente de mon Ego auquel à ce moment-là je suis totalement identifié. Je prends tout personnellement, je ne le comprends pas encore, mais la voix me révèle la perception que j’ai de moi-même.
Ma respiration est haletante, j’ai envie, de fuir, d’appeler une ambulance, d’appeler au secours, à l’aide, mais je pense aux autres qui vivent sûrement un processus tout aussi intense que le mien, je ne veux pas faire de bruit, les déranger, je ne fais rien, et j’encaisse. J’ai peur, c’est de pire en pire, je me vois dans la peau d’un homme péruvien assis contre un arbre dans la jungle dense de la forêt amazonienne entrain de mourir après avoir pris la médecine. Je le sens, je le sais, je vais mourir.. La phrase du Curandero me revient : « si jamais tu as l’impression que tu vas mourir, concentre-toi sur ton inspiration, tant que tu respires tu vis ». Je me concentre sur ma respiration, mon souffle est presque imperceptible, infiniment petit, court, un léger filet d’air caresse mes lèvres, dans un sens puis dans l’autre. Je respire, mon esprit se calme, je respire, je sais que je vais mourir, et j’accepte.
Au moment où cette pensée profondément vécue et incarnée se manifeste à mon esprit – j’accepte que je vais mourir, ici et maintenant – je suis en paix, sans peur, détendu, après avoir tant lutté, j’ai enfin lâcher-prise.. Et là, Magie ! Car à l’instant où cette pensée se manifeste à mon Esprit, tout s’éclaircit ! L’ambiance pesante, oppressante et sombre de mon expérience se dissipe instantanément. Je suis baigné de lumière et d’Amour à un niveau que je ne pouvais pas imaginer. J’ai accepté de mourir, ce faisant j’ai laissé mourir mon Ego, mes perceptions de moi-même et du monde, je suis là comme un nouveau-né, prêt à être enseigné, par la plante, par la vie elle-même.
Il faut comprendre que bien que ce soit poussé à l’extrême dans les expériences psychédéliques, il est toujours vrai que ta perception de l’expérience de ta vie est toujours directement une expression de ton état intérieur. Ma peur, mon angoisse, ma résistance, tout cela créait le vide qui m’engloutissait, le lâcher-prise et l’accueil profond de ce qui est, lui s’est ensuite reflété dans cette paix lumineuse qui m’a enveloppé.
Lors de cette deuxième étape, j’ai vécu la plus belle et lumineuse expérience de ma vie. J’ai vu des visages, et l’Ayahuasca à travers une série de regards, m’a montré comment elle m’avait guidée jusqu’à elle, jusqu’à ce moment. J’ai expérimenté le fait de me liquéfier totalement, comprenant à quel point mon corps était composé d’eau. Je me suis vu fusionner avec des arbres, comprenant à quel point nous ne faisions qu’un. J’ai aussi vu tout un flux d’énergie qui venait de partout autour du temple, pleins de filaments multicolores qui venaient nous soutenir énergétiquement. Ces filaments traversaient tous les membres de la cérémonie, puis ressortaient par nos têtes, venaient se rejoindre au centre du temple, s’élever vers le toit, le traverser puis tels un champignon de filaments de lumière multicolore venaient se déverser dans toutes les directions pour aller guérir à travers ces énergies, tout ce qui dans le vivant en avait besoin. Je comprenais que ce qui se passait ici, pendant cette cérémonie, transcendait complètement nos individus et c’était magnifique. La musique live jouée par les curandero était devenue la plus belle musique que je n’avais jamais entendue. Il s’est passé tellement de choses, de révélations et d’enseignements, que je ne pourrais pas tout écrire, sans compter que c’était il y a déjà 6 ans au moment où j’écris ces lignes.
Lorsque tout s’est apaisé, on a mangé des fruits, c’était les meilleurs fruits de toute mon existence. Ma présence était totale, plus rien ne m’angoissait. À partir de ce moment j’ai su au plus profond de moi que tout allait bien, que tout se passerait bien, toujours, que la vie me soutenait, que je n’étais pas seul, que nous étions tous connectés. La différence entre connaître et savoir c’est que lorsque l’on connaît, on a appris quelque chose mais on ne l’a pas expérimenté. Le Savoir transcende la connaissance, il est le reflet de l’expérience. J’avais à ce moment de ma vie, développé une foi totale, et cette foi qui permet tous les miracles n’a rien à voir avec croire ou ne pas croire, elle n’est plus un choix, elle est imposée par une expérience que tu as acceptée, la foi est l’expression d’une présence suffisamment grande qui permet de dire : « oui, c’est là, cette énergie de vie, cette conscience universelle, ce plus grand que moi est là avec moi, je le sens, il m’accompagne tout va bien. »

Malheureusement la vie nous rattrape, l’expérience s’éloigne, et les problèmes que l’on aime se créer en tant qu’être humain refont surface. On oublie cet état de béatitude totale et on retrouve le stress. C’est pourquoi mon chemin vers la compréhension d’un « plus grand » ne s’arrête pas là, au contraire il a commencé là. Avant la cérémonie, je ne comprenais que la partie superficielle du monde.
J’étais attiré par certaines personnes qui portaient une profondeur intense, un monde intérieur riche, mais je ne comprenais pas ce qui les rendait si magnétiques, car j’essayais de comprendre avec mon mental. Or, le mental est le principal responsable du manque de présence qui nous empêche justement de ressentir cette profondeur.
Bref, je suis rentré dans cette cérémonie avec plein de croyances que je prenais pour des certitudes et j’en suis sorti empli de questions mais sûr d’une chose : La Conscience Universelle, Dieu, l’Essence de vie, peu importe son nom existe et j’allais essayer de mieux comprendre ça.
En Bref
L’Ayahuasca a été une initiation radicale : mourir symboliquement pour renaître à soi, au-delà de l’ego.
La peur vient de la résistance. Quand tu lâches prise, la paix t’enveloppe et la lumière surgit.
Ton état intérieur crée ta réalité. Chaque pensée, chaque croyance façonne ton monde.
La foi ne se décide pas, elle s’impose quand tu traverses l’expérience en conscience.
Tu n’es jamais seul. La puissance du collectif, même silencieuse, soutient et élève.
La Conscience universelle existe. Peu importe le nom qu’on lui donne, elle est là, vivante, palpable.
Tout change. Ne t’attache pas à tes certitudes, choisis des croyances qui t’apaisent et t’élèvent.
Ce n’est pas la fin du chemin. C’est le début d’une quête vers plus de sagesse.
Aujourd’hui j’ai compris que nos certitudes ne sont là que pour rassurer notre mental mais qu’elles n’ont rien de réel, peu importe ce que l’on croit être absolument vrai ce ne sont que des croyances. Ces croyances conditionnent notre réalité mais elles peuvent être changées. Bouddha disait la seule chose dans le monde qui est permanente, c’est son impermanence. Tout change tout le temps. Donc vouloir comprendre la réalité en la figeant est peine perdue. Par contre avoir des croyances nous permet de fonctionner dans ce monde et je n’ai rien contre le fait d’en avoir seulement, choisis-les bien, car tes croyances conditionnent ton état d’être, tes pensées, tes actions, donc ta vie. Si tu crois quelque chose à propos du monde ou de toi-même qui t’angoisse, décide de croire autrement. Einstein disait : une solution ne peut pas être trouvée depuis le même niveau de conscience que celui qui a créé le problème.
Il y a toujours un chemin, à toi de trouver le tien.